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Permanence téléphonique de défense des droits : entretien avec Chantale Gauthier

En cette période de confinement, si les locaux de nos associations sont fermés, beaucoup restent joignables par téléphone. Car les problèmes, eux, ne sont pas en quarantaine. Pour continuer à y répondre, notre permanence téléphonique de défense des droits reste également ouverte. Elle est animée, du lundi au vendredi, de 10h à 13h et de 14h à 17h, par des militant.es de nos associations locales qui ne sont ni juristes ni avocats mais qui proposent une écoute et quand cela est possible : des conseils.

Chantale Gauthier est l’une des dix bénévoles à animer cette permanence à raison d’une demi-journée par semaine. Elle est membre du MNCP depuis 1988. Elle est à l’origine de la création de trois associations de chômeurs et précaires dans le sud-ouest : Saint-Gaudens, Saint-Girons et plus récemment à Perpignan.

Pourquoi cette permanence téléphonique ? En quoi elle est importante ?

A l’origine, c’est spécifiquement pour des questions de défense des droits. Cela dit, on se rend compte que les personnes qui nous appellent ont un besoin important de parler, d’être écoutées, d’être rassurées par rapport à ce qu’ils vivent.

Quelles sont les problématiques qui reviennent le plus souvent ?

Généralement se sont des difficultés liées à Pôle emploi concernant des radiations, des indus, des contrôles… Savoir comment rédiger un courrier de recours. « Voilà ce que j’ai reçu. Comment est-ce que je réponds ? ». Tout ce genre de questions. Il peut également y avoir des problèmes dans l’ouverture de droits. Par exemple, mardi dernier, une jeune personne a appelé en expliquant qu’elle était suivie par la mission locale. « La mission locale m’envoie sur une formation Pôle emploi qui devait commencer le 12 février. Pour une raison x que je ne connais même pas » me dit-elle, cette formation est reportée au 16 mars. Et là, c’est le début du confinement. Elle me dit « maintenant je ne suis plus rien. Pôle emploi me dit qu’ils ne peuvent pas me reprendre, ni m’indemniser alors que c’était une formation indemnisée. La mission locale me dit qu’ils ne me suivent plus, que c’est Pôle emploi maintenant. » Ils se renvoient la balle mais en attendant, cette pauvre personne est perdue et ne sait plus quoi faire. Donc mon rôle c’est de la conseiller au mieux pour qu’on lui dise quoi faire et ce qu’elle va devenir. Je lui ai donné les informations sur le médiateur de son secteur. La conversation a duré près d’une heure parce qu’elle avait besoin d’être écoutée. C’est un exemple finalement assez révélateur de ce que beaucoup de personnes ont besoin. Par nature j’aime écouter les gens mais des fois c’est très poignant. Et ça demande du temps et quand même quelques connaissances.

Quel type de soutien apportez-vous à travers cette permanence téléphonique ?

Nous tentons de donner le meilleur conseil possible dans la limite de nos connaissances. Parfois c’est aussi de la mise en relation et de la médiation. On n’est pas contre Pôle emploi. C’est une grosse machine qui engendre des difficultés. L’utilité de notre permanence c’est qu’à travers l’écoute, les conseils, la personne puisse reprendre confiance en elle et ne pas être seul face à ses difficultés. Nous essayons aussi de faire connaitre les activités du MNCP. Faire prendre conscience que derrière les difficultés individuelles, il peut y avoir des revendications collectives.

Pouvez-vous vous retrouver en difficulté face à des questions finalement très techniques ?

Oui c’est évident. Ma manière à moi c’est souvent d’orienter vers. Localement, et avec toutes mes années d’engagement, je me suis constituée un réseau solide avec des syndicats, des avocats… Souvent les personnes appellent avec beaucoup d’attentes, en espérant la recette miracle. Donc il faut déconstruire tout ça. Parfois ça dure longtemps. Parfois plus d’une heure. Et si on peut, on tente de résoudre le problème avec la personne mais dans des cas très complexes, on essaye d’orienter vers d’autres structures, d’autres compétences. Et on favorise le contact humain et local. Hier par exemple une personne a appelé de Saint-Benoit sur l’Île de la Réunion. Je l’ai donc invité à contacter une des maisons de chômeurs du MNCP présentes sur l’île et j’ai prévenu l’association sur place que telle personne allait les contacter avec telle problématique. Par contre, je suis un peu désolée de voir que l’on fait un travail énorme dans nos associations et que depuis de nombreuses années il n’y a pas de reconnaissance officielle. Nous sommes sur le terrain depuis plus de 30 ans et avons soutenu un très grand nombre de personnes dans la résolution de problèmes souvent complexes.

 

Numéro : 01 84 16 94 22
Lundi / Mercredi / Vendredi : 10h à 13h et 14h à 17h
Mardi / Jeudi : 14h à 17h

 

Crédit photo // Jérémie Lusseau

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