Pierre-Edouard Magnan, président du MNCP, a été interviewé le 2 avril dernier par AEF Info sur la situation des chômeurs et précaires pendant la crise sanitaire actuelle.
« Il faudra aussi des mesures pour accompagner le post-confinement », explique Pierre-Édouard Magnan, président du MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires), dans une interview accordée à AEF info. Il juge « satisfaisantes » les mesures prises par le gouvernement pour les chômeurs dans le cadre de la crise sanitaire malgré des « angles morts ». Il appelle toutefois à « réfléchir à l’après », dans un contexte qui sera marqué par « un retour de la hausse du chômage ». S’il salue le report de la seconde partie de la réforme de l’assurance chômage, Pierre-Édouard Magnan ne crie pas victoire car il demande un retrait. L’association n’a pas eu de « fortes interpellations » des demandeurs d’emploi depuis la fermeture au public des agences Pôle emploi. Il ajoute que l’opérateur fait « preuve de souplesse ».
AEF info : Le gouvernement a annoncé un report de l’application de la seconde partie de la réforme de l’assurance chômage, décalée à septembre au lieu d’avril. Qu’en pensez-vous ?
Pierre-Édouard Magnan : Nous saluons, bien sûr, ce report. Mais nous n’allons pas crier victoire car notre demande est le retrait de cette réforme. Nous considérons d’ailleurs que ce report est un argument de plus en notre faveur : si cette réforme était si formidable pour les chômeurs et les précaires, c’est justement au moment de la plus grande des crises qu’elle devrait être la plus formidable possible. Je suis heureux que le gouvernement ne veuille pas aggraver la situation au 1er avril mais je préférerais qu’il continue à ne pas vouloir l’aggraver au 1er septembre et pour toutes les années qui viennent.
AEF info : Une ordonnance a également été adoptée pour prolonger l’ARE et l’ASS pour les chômeurs en fin de droits (lire sur AEF info). Est-ce que vous êtes satisfaits de cette mesure ?
Pierre-Édouard Magnan : C’est évidemment une bonne mesure, juste. Nous avions alerté sur le sujet des fins de droits pendant la crise sanitaire et la réponse est satisfaisante. Toutefois, cela pose immédiatement la question de l’après crise sanitaire. Il faudra aussi des mesures pour accompagner le post-confinement. Si, hypothèse d’école, le confinement s’arrête le 1er mai, les chômeurs en fin de droits au 31 mars auront été prolongés d’un mois. Mais, s’ils se retrouvent sans revenu au 2 mai, leur situation sera catastrophique. C’est très bien d’empêcher les fins de droits pendant le confinement mais il ne faut pas imaginer que tout sera réglé dès qu’il sera levé.
Les chômeurs ne vont pas trouver d’emploi pendant cette période, à part les infirmiers ou aides- soignants. C’est tellement vrai que le contrôle de la recherche d’emploi a été suspendu, ce dont nous nous félicitons. Il y a peu d’annonces et personne ne peut se rendre à un entretien d’embauche. La question se pose aussi pour les chômeurs qui touchent l’ARE et qui ne sont pas en fin de droits. Il faudrait, au moins, un prolongement de l’ARE de la durée du confinement. Nous attirons également l’attention sur les contrats dans les chantiers d’insertion ou les PEC qui sont actuellement suspendus.
Les mesures d’urgence sont satisfaisantes, malgré des angles morts, mais il faut réfléchir à l’après. Hélas, il va y avoir un retour de la hausse du chômage. L’activité s’arrête brutalement mais repartira lentement. Nous soutenons donc « l’acte I », et cela ne nous arrive pas si souvent, mais il faudra aussi un « acte II ». Notre sujet est de penser l’urgence mais aussi l’après : il ne faudrait pas que les difficultés soient uniquement reportées pendant la durée du confinement. Nous avons écrit au Premier ministre, à la ministre du Travail et aux parlementaires pour les alerter.
AEF info : Quels sont les « angles morts » dont vous parlez ?
Pierre-Édouard Magnan : Nous avons un sujet sur certains intérimaires. En particulier ceux qui étaient arrivés en fin de contrat mais qui n’ont pas les heures nécessaires pour toucher l’ARE. C’est bien que l’ARE soit prolongée jusqu’à la fin du confinement mais encore faut-il y avoir accès. Ceux qui ont des missions en cours peuvent être au chômage partiel (lire sur AEF info). Mais ceux dont les missions ont été arrêtées un peu avant le confinement, car l’activité s’effondrait déjà, par exemple chez les traiteurs, ne rentrent dans aucun dispositif.
Il y a des inquiétudes également sur les microentreprises, qui sont très fragiles. Ce sont souvent des personnes qui ne sont pas loin de la précarité et qui risquent d’y replonger, sans acquérir de droits. Au-delà de ce qu’on pense de ces statuts, ils existent, et il ne faudrait pas que ce soit eux qui souffrent. Ils ne bénéficient pas des reports de cotisation. Une petite structure, sans activité à cause de la crise sanitaire, n’en aurait pas payé. Nous avons identifié ces deux sujets, intérimaires et microentreprises. Ce ne sont peut-être pas les seuls mais il faudrait trouver des mécanismes de soutien.
AEF info : Avez-vous des premiers retours sur l’actualisation, qui a commencé samedi et se poursuit jusqu’au 15 avril ? Est-ce que les mesures prises par Pôle emploi, depuis la fermeture des agences au public, permettent de répondre aux questions des demandeurs d’emploi ?
Pierre-Édouard Magnan : Pour l’instant, je n’ai pas d’échos de fortes interpellations, sur notre ligne téléphonique. Nous avons toujours des chômeurs qui nous contactent mais nous n’avons pas d’explosion des appels. Nous avons des questions de personnes qui arrivent en fin de droits, par exemple. Il n’y a pas de remontées particulières de nos associations sur l’actualisation. Cela tend à démontrer, qu’à ce stade, les chômeurs arrivent à s’actualiser, par internet ou par téléphone.
Pôle emploi fait preuve de souplesse. Pour les personnes qui s’inscrivent, les agents acceptent des bulletins de paie photographiés par SMS par exemple. Pôle emploi a suspendu radiation et sanction. Il y a une attitude générale de protection et d’accompagnement, y compris pour les chômeurs et précaires, qui n’en sont pas familiers ces dernières années.
AEF info : Des syndicats ont demandé une actualisation automatique pendant cette crise sanitaire. Y êtes-vous favorable ?
Pierre-Édouard Magnan : Ce serait une mesure de bon sens. On pourrait partir du principe d’une actualisation par défaut, sauf si la personne a signalé avoir retrouvé un travail. Le nombre de chômeurs ayant retrouvé un travail pendant le confinement sera epsilonesque. Il faudrait y mettre un garde-fou : s’il y a des erreurs, il ne faudrait pas demander des trop-perçus énormes le lendemain du confinement.
Dépêche n° 627504
Par Alexandra TURPIN
Publiée 02/04/2020
11 Responses
Pendant la période de confinement le décompte des droits devrait être neutralisé car il es impossible de trouver du travail. L’action devrait se poursuivre dans ce sens
En tout cas les lettres de fin de droit sont tj envoyées ( j’ai reçu la mienne ) ! Il faut une continuité de l’are sur toute la durée de ce confinement 1 mois qu’aucune réponse n’est donnée a mes lettres et cv en réponse aux annonces !!! fin de droit en debut mai et aucune aide ni ass ni rsa car mon épouse travail ! Et a 60 ans la probabilité de retrouver un emploi après le confinement s’éloigne !
Au secours ! Fin de droits ARE fin mai, des CV envoyés qui n’obtiennent pas de retours (ce qui est normal avec cette crise), comment va-t-on faire ? Personnellement, j’étais en arrêt maladie jusqu’en mars donc réinscription qu’à ce moment là, aucune possibilité d’avoir une vraie période de recherche. Les droits ARE, qui existent pour rechercher un emploi dans des conditions acceptables, ne doivent pas être déduits pendant le confinement pour tous les demandeurs d’emploi sans exception ! C’est de l’injustice bon sang ! Pourquoi personne n’en parle ?
Je trouve le traitement des parents demandeurs d’emploi hypocrite. Ceux-ci doivent garder les enfants à la maison pour palier à la fermeture des écoles. Comment se rendre à un entretien d’embauche dans ces conditions ? Pourquoi ne pas autoriser ces parents à obtenir un arrêt de travail (comme les salariés) ou neutraliser la période de confinement. D’autant que les offres d’emploi sont en nette baisse et que les candidatures n’aboutissent plus.
Incroyable que les droits soient déduits durant confinement
Événementiel premier arrêter et dernier a reprendre
Résultat pas travail pas heures pas heures pas réouverture nouveaux droits les permittents doivent disparaître merci Pénicaud
Bravo 👍
Personnellement, je trouve que la défense des chômeurs en cours de droit n’est pas du tout assuré par le gouvernement, on est confiné, isolé, les rendez-vous pour du travail sont annulés .Je ne vois aucune association de chômeurs monter au créneau pour défendre nos droits à la télé . Je viens d’avoir la réponse de ma conseillère, à qui j’avais juste demander pourquoi nous les chômeurs en cours de droit ne somme pas concerné par la suspension de perte des jours d’indemnités , vous ne trouvez pas de boulot , allez bosser dans l’industriel alimentaire à 2 heures de chez vous malgré 2 personnes fragiles à la maison (asthme). Surtout que plusieurs cas sont déclarés dans la ville de cette entreprise .
C’est l’omerta sur les chômeurs en cours ou en fin de droit , rien dans les media, rien dans le discours des politiques, ni de la part des associations de défense et des syndicats. Au mieux les chômeurs en fin de droits seront indemnisés jusqu’à fin mai. Et après ? A l’issue du confinement, la reprise d’activité sera très lente, nombre de licenciements économiques auront lieu malgré les mesures de soutien aux entreprises. Dans une économie effondrée et à l’approche d’une période de vacances, croit-on sérieusement qu’un chômeur en fin de droits (par définition en proie à des difficultés pour retrouver un emploi, notamment en raison de son âge) a quelque chance d’être embauché ? Agissez et défendez les pour éviter de vrais drames humains et la désespérance. Merci.
Votre intervention est pas mal et je vous en remercie ce qu’il ne faudrait pas oublier ce sont les chômeurs en fin de droits (Pas assez d’heures faites et infaisable cause Covid19 contrats court par ex) avant le prolongement du 1er mars 2020 tous ces gens là sont en fin de droits et non aucune indemnité et pour peu que vous n’ayez pas assez travaillé soit cinq ans dans les 10 dernières années et ben vous n’avez pas le droit à l’ARE il faut donc faire prolonger les droits de tous les chômeurs en fin de droits comme la nouvelle mesure dans le spectacle et il faut bien évidemment abroger la loi du mois de novembre 2019 bonne réception. Membre du CPHRE sur faceBook
Je ne comprends pas pourquoi ils ne gèlent pas les mois de confinement et cette réforme repoussée à septembre ! C’est honteux ! Surtout que pour tous ces saisonniers,la saison est foutu ! Ils n’arriveront pas à 6 mois de travail !
C est lamentable. Pas un mot sur les chomrurs, les precaires. On nous laisse sur un fil au dessus du vide sans filet. L activité doit reprendre d accord, mais ne doit pas necessiter le saxrifice de certains. Avec un enfant qui ne pourra pas reprendre l ecole, impossible de trouver du travail. On a consommé nos droits pendant le confinement et ça continue. C est écoeurant.