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FAINÉANTS, TROP PAYÉS, IRRÉCUPÉRABLES : 6 IDÉES REÇUES SUR LES CHÔMEURS

IMG_1587Les idées reçues sur l’économie font décidément couler beaucoup d’encre ! Alors qu’un ouvrage d’orientation libérale a été publié par un trader sur le sujet il y a quelques semaines, c’est au tour d’un collectif d’organisations de défendre des thèses que l’on classerait cette fois à gauche, sur une problématique spécifique : le chômage. Dans « Chômage, précarité : Halte aux idées reçues »*, 25 associations et syndicats tordent ainsi le cou à des préjugés qui voudraient que les chômeurs soient des tire-au-flanc, incapables de trouver du travail voire se complaisant dans ce statut. Que l’on soit d’accord ou non avec leurs idées, certains chiffres sont, en tout cas, incontestables : en voici 6, tirés de ce livre et de données publiques.

Le chômage, c’est la faute aux étrangers

C’est une rengaine assez fréquente : les immigrés venant en France piqueraient la place des travailleurs français, augmentant ainsi le chômage. Sauf que la quasi totalité des études sur le sujet démontrent l’absence de lien entre chômage et immigration, dénonce l’association France Terre d’asile dans ce livre. De fait, les immigrés sont aussi des consommateurs : ils augmentent le PIB et donc l’emploi. De plus, ils occupent plus fréquemment des emplois précaires et mal rémunérés, dont pas grand monde ne veut.

Le système d’indemnisation chômage est très généreux

Jusqu’à 6.750 euros net par mois ! En théorie, l’allocation chômage peut grimper à des hauteurs impressionnantes. Sauf que seuls 500 allocataires environ touchaient effectivement cette somme en décembre 2015, soit 0,02% d’entre eux. Par contre, 50% des allocataires percevaient moins de 970 euros net, selon une récente note de l’Unédic.

Beaucoup de chômeurs restent volontairement au chômage le plus longtemps possible

C’est un argument régulièrement repris pour justifier une baisse de la durée d’indemnisation : de nombreux allocataires resteraient au chômage le plus longtemps possible, jusqu’à épuisement de leurs droits. Mais dans les faits, les allocataires ne consomment que deux tiers de leurs droits en moyenne selon les données de l’Unédic basées sur les personnes sorties du chômage en 2015. Leur durée d’indemnisation moyenne est de 10 mois, contre une durée maximale potentielle de 24 mois (voire 36 mois pour les plus de 50 ans).

Les chômeurs n’en font pas assez pour trouver un emploi

Autre chiffre pouvant être mis en avant pour démontrer le manque de volonté des chômeurs de trouver un emploi : chaque année des centaines de milliers d’offres d’emploi (190.000 en 2015) ne sont pas pourvues ! Sauf que ce chiffre inclut aussi des offres pour lesquelles aucun candidat n’a été retenu mais dont le recrutement n’est pas abandonné. En fait, seules 43.000 offres sont réellement tombées à l’eau en 2015, dont 34% parce que l’entreprise n’avait plus besoin d’embaucher et 16% faute de budget. Le reste étant dû au fait que l’employeur n’a pas trouvé le candidat « adéquat », ce qui milite plus pour une inadéquation entre les offres et les profils sur le marché que pour un manque de motivation des chômeurs.

L’assurance chômage est en déficit

C’est l’argument de poids des politiques pour pousser les partenaires sociaux à amoindrir les droits des chômeurs : l’assurance chômage est en déficit chronique. Dans les faits, les comptes de l’Unédic sont bien dans le rouge (30 milliards de dette cumulée en 2016). Mais le simple différentiel entre cotisations perçues et allocations versées est, lui, excédentaire, comme nous l’avait expliqué récemment Bruno Coquet. En fait, c’est surtout le financement de Pôle Emploi qui plombe cet organisme.

Les chômeurs ne sont pas capables de créer une entreprise

La part des anciens chômeurs parmi les personnes créant leurs entreprises est en fait très élevée : 27% au premier semestre 2014, selon une étude publié l’an dernier par l’Insee, hors auto-entrepreneurs. Une proportion presque aussi élevée que celle des salariés du privé (32%). En 2010, ils étaient même plus nombreux que ceux venant du privé (33% contre 28%).

Thomas Le Bars sur Capital.fr publié le 19.01.2017

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