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Chômage : recréer du collectif, briser l’isolement (Colmar)

Alors qu’un deuxième confinement vient d’entrer en vigueur, le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) centre Alsace s’inquiète des répercussions de la crise sanitaire sur la situation des demandeurs d’emploi.

[ Article publié le 03/11/20 par DNA ]

« Nous sommes très inquiets de l’augmentation du chômage qui va résulter de la crise sanitaire. » Secrétaire du Mouvement national des chômeurs et précaire (MNCP) centre Alsace qui couvre un territoire s’étendant de Colmar à Sélestat, Marc Desplats ne cache pas son pessimisme. La mise à l’arrêt de l’économie au printemps dernier a déjà fragilisé une population précarisée qu’un deuxième confinement ne pourra que déstabiliser davantage. Dans ce contexte, le mouvement cherche à se faire connaître davantage. « Nous nous considérons comme un syndicat de chômeurs, les adhérents et les responsables du MNCP sont les chômeurs eux-mêmes. »

L’association s’efforce de recréer du collectif à destination de personnes souvent isolées et qui méconnaissent leurs droits. Le fonctionnement habituel du MNCP consiste en des réunions mensuelles alliant informations et échanges informels. « Nous proposons également des sorties culturelles, des visites d’entreprises, des temps conviviaux et des actions militantes. »

Confinement et fracture numérique

Une organisation mise à mal par la pandémie. « La fracture numérique est une réalité parmi la population de chômeurs et de précaires. Lors du premier confinement, nous ne pouvions plus nous réunir physiquement, mais le numérique n’a pas pris le relais car tous nos membres ne sont pas à l’aise avec ces technologies ou n’y ont pas accès », indique Benoît Legrand, secrétaire adjoint du MNCP centre Alsace. « Nous avons passé des coups de fil pour prendre des nouvelles des uns et des autres », précise Marc Desplats. L’association démêle régulièrement des situations administratives difficiles. « Pôle Emploi a réclamé 6 500 € de trop-perçus à l’un de nos adhérents fin 2019. Pour débloquer la situation, nous avons dû faire appel à son médiateur régional, puis national. » Durant le confinement, l’association a également soutenu un travailleur frontalier privé d’indemnités car il se trouvait dans l’impossibilité de se rendre en Allemagne et de produire le formulaire permettant d’ouvrir ses droits lors d’une fin de contrat.

Si le dialogue est difficile avec le conseil départemental du Haut-Rhin et avec la Caf – qui verse le RSA -, il est cependant plus structuré avec Pôle Emploi. « Nous participons au comité de liaison départemental de Pôle Emploi dont le but est d’améliorer l’information des demandeurs d’emploi et leur capacité à exercer leurs droits. Si nous ne sommes pas toujours d’accord, au moins nous nous parlons ! », se félicite Marc Desplats.

Au niveau national, le MNCP réclame la hausse des minimas sociaux et l’abandon de la réforme du chômage. « Son premier volet, qui a durci les conditions d’accès à l’indemnisation (la période de travail minimum pour accéder à l’assurance chômage a été ramenée à 6 mois sur les 24 derniers mois, au lieu de 4 mois sur 28, Ndlr ) contre l’avis des partenaires sociaux, est intervenu le 1er novembre 2019. Le deuxième volet devait prendre effet le 1er avril 2020 mais a été repoussé deux fois à cause du Covid. Aujourd’hui, on nous l’annonce pour le 1er avril 2021. Pour nous, c’est bien la preuve qu’il s’agit une mauvaise réforme, sinon elle aurait été mise en place sans délai. »

 

Par Véronique Berkani (DNS)

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