Pour Marc Desplats, représentant du Mouvement national des chômeurs et précaires, la réforme de l’assurance chômage, qui entre en vigueur le 1er novembre, est contre-productive.
Article paru dans Le Parisien par Catherine Gasté
Durcissement des conditions d’indemnisation, coup d’arrêt aux droits rechargeables, instauration la dégressivité des allocations pour les cadres… Les nouvelles règles de l’assurance chômage entrent en vigueur le 1er novembre. Pour Marc Desplats, responsable du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) dans le Grand Est, aucune réforme de l’assurance chômage n’a été aussi dure ces 20 dernières années.
Ces mesures sont-elles de nature à inciter les chômeurs à retrouver du travail ?
MARC DESPLATS. Pas du tout. Elles suivent la même la logique que le durcissement des contrôles des demandeurs d’emploi en application depuis le 1er janvier 2019. On fait la guerre aux chômeurs au lieu de faire la guerre au chômage. Cela va conduire à radier encore plus de gens ou leur supprimer des allocations. Rien que l’allongement de la durée requise pour une indemnisation, c’est 300 000 personnes, surtout parmi les jeunes précaires, qui n’auront pas droit à une allocation. Les droits rechargeables aussi sont supprimés, cela signifie une durée d’indemnisation plus courte. Cette réforme c’est une baisse généralisée des droits pour les chômeurs, du jamais-vu au moins depuis 20 ans.
Muriel Pénicaud, ministre du Travail assure pourtant qu’il est plus facile de retrouver un emploi…
Dans le Grand-Est où je suis, les offres d’emploi sont majoritairement de courte durée. Il ne faut pas raconter d’histoire. Sur les secteurs en tension, comme les métiers du bois, ce ne sont que des petits boulots.
Les chômeurs sont inquiets ?
Beaucoup ne connaissent pas bien leurs droits. Souvent ils subissent les règles. C’est tellement compliqué ! Comment voulez-vous qu’ils s’y retrouvent, vérifient si les calculs de leurs allocations sont justes ou comprennent pourquoi ils ont perdu des droits ou même été radiés ? Peu savent aujourd’hui que pour contester une radiation, le délai a été réduit à dix jours. Souvent ils viennent nous voir quand il est trop tard. Dans le Grand-Est, Pole emploi a recruté 48 agents au contrôle, qui ont été retirés de l’accompagnement. Les demandeurs d’emploi vivent cette pression au quotidien auquel s’ajoute le discours ambiant « vous ne faites pas d’efforts ». Ils ne comprennent pas pourquoi et ils ont beaucoup de rancœur.
Qui sont ceux qui viennent au MNCP ?
Des personnes en situation difficile, au chômage de longue durée ou très précaires. Mais beaucoup aussi ne font pas la démarche. Ils s’isolent et n’ont même plus le réflexe de se faire aider.
À part quelques associations, qui se préoccupent de leur sort, selon vous ?
Pas grand monde. Les salariés ont les syndicats. Les familles, les locataires, les handicapés aussi ont leurs représentants qui pèsent auprès des pouvoirs publics. Les chômeurs et les gens au RSA n’ont quasiment personne. Il n’y a pas suffisamment d’organisations de défense des droits chômeurs. Elles ne sont ni aidées, ni consultées.