« Le travail a changé. Ou plutôt, la façon dont les employeurs embauchent. Quand j’étais jeune, tout le monde avait un emploi. On nous disait : « Apprends un métier, c’est pour la vie ! » Les gens se définissaient par leur métier, s’y identifiaient, qu’ils soient mineurs de fond, infirmières, cheminots, ouvriers du bâtiment ou du textile, etc. Bien sûr, l’exploitation existait. Nous avions besoin des syndicats pour défendre et améliorer nos salaires et conditions de travail.
[…] Pour nous, le changement crucial est advenu en 1979, quand Margaret Thatcher et l’aile droite de son gouvernement se sont lancées dans un projet de réduction du pouvoir des syndicats. Les entreprises ne faisaient plus assez de profits. La marge d’exploitation devait augmenter.
[…] Nous sommes aujourd’hui confrontés, et ce livre le montrera, à des conditions de travail qui rappellent celles du XIXe siècle.
[…]
On observe une utilisation de plus en plus fréquente du statut de soi-disant « travailleur indépendant » pour des travailleurs qui en réalité n’ont qu’un seul employeur… Cette formule permet à l’employeur de ne pas prendre en charge les arrêts maladie, les congés payés ou quelque dépense que ce soit pour ses employés. Tandis que le chômage de masse perdure, une part encore plus importante de la population est aujourd’hui sous-employée… […]
Heureusement pour nous, l’histoire continue, la lutte est vivante, le film n’est pas fini – le générique n’a pas encore défilé… […] Les histoires et les expériences de ce livre aideront, je l’espère, à nous rendre forts dans notre résistance.
Extraits de la préface de Ken Loach dans « Chômage, précarité : halte aux idées reçues » (Janvier 2017)
Avec l’aimable autorisation des Editions de l’Atelier et du MNCP.