Jacqueline Balsan, présidente du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), s’exprime sur le contrôle des chômeurs que le gouvernement compte mettre en place.
Les chômeurs seront contrôlés : Emmanuel Macron l’avait promis pendant la campagne et la promesse est sur le point d’aboutir. Les syndicats et patronat vont se voir détailler, ce lundi au ministère du Travail, les mesures prévues dans ce but, et dont Le Parisien dévoile les contours. Jacqueline Balsan, présidente du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), s’exprime à ce sujet.
Le gouvernement veut renforcer le contrôle des chômeurs mais aussi rendre les sanctions plus équitables. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas en multipliant les contrôles aléatoires qu’on « remobilise » les chômeurs pour reprendre le terme du gouvernement qui ne nous a même pas consultés. Être radié deux mois ou deux semaines n’a jamais remobilisé personne ! C’est hypocrite de renforcer les contrôles des chômeurs en sachant qu’il n’y a pas d’emplois pour tout le monde. Parler d’un contrôle soi-disant bienveillant est scandaleux. On accrédite l’idée que les chômeurs sont des fainéants ou qu’ils fraudent. En réalité, seuls 41,89 % des chômeurs sont indemnisés sur les 6,6 millions d’inscrits et il n’y a que 200 000 à 300 000 offres disponibles. Cessons de pointer la responsabilité des chômeurs.
Assouplir la définition de ce qu’est une offre « raisonnable » d’emploi, cela va-t-il dans le bon sens ?
Le gouvernement est obligé de le faire. Pour une raison simple : personne n’a jamais pu définir précisément ce qu’est une offre raisonnable ! Un chômeur sans permis de conduire en milieu rural est-il fondé à rejeter une offre d’emploi située à plusieurs kilomètres de chez lui ? Dans son cas, qu’est-ce qu’une offre raisonnable ? Vouloir régir tout cela est hypocrite de la part du gouvernement.
Vous redoutez toujours un plus grand « flicage » des chômeurs ?
C’est évident quand je vois que 400 salariés de Pôle emploi voient leurs missions de conseils et d’accompagnement se transformer en contrôle. En intensifiant le contrôle des chômeurs, on leur met la pression pour accepter n’importe quel job et situation précaire. Pour réduire à tout prix le nombre des chômeurs, on crée davantage de précarité. Pour nous, le combat continue, d’où notre appel à une mobilisation nationale mercredi 21 mars dans toutes les grandes villes.
Delphine Denuit | Le Parisien | 18/03/18
Lien vers l’article : http://www.leparisien.fr/economie/controle-des-chomeurs-on-accredite-l-idee-que-ce-sont-des-faineants-18-03-2018-7615812.php