La vie de Jeannette, qui nous a quittés le 30 septembre 2016, à l’hôpital d’Angers, est emblématique des engagements d’une génération de chrétiens.
Jeannette Irgel est née le 14 mars 1927 à Paris Xème.
Sa mère était alsacienne. Son père était un réfugié politique ayant quitté l’Italie fasciste.
Elle passe sa jeunesse au port de Juigné où habite sa grand-mère puis à Bezons, cité ouvrière de la banlieue ouest de Paris, au milieu d’immigrés italiens influencés par le Parti Communiste.
Elle devient secrétaire et découvre la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine (JOCF) où elle prend des responsabilités.
En 1949, elle épouse Roger Beaunez, un militant chevronné de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne.
Roger et Jeannette suivront le parcours d’autres « chrétiens de gauche ». Militants de l’Action Catholique Ouvrière, du Mouvement de Libération du Peuple, ils seront parmi les fondateurs de l’Union de la Gauche Socialiste puis du Parti Socialiste Unifié.
n 1974, ils quittent le PSU pour le Parti Socialiste. Quelques temps après, ils déménagent pour Épinay (au nord de Paris) puis Angers.
En 1990, ils s’installent à Sablé où ils poursuivent leurs engagements. C’est ainsi que Jeannette sera, pendant plus ou moins longtemps, bénévole à Alpha Sablé, à l’Aide aux devoirs à l’école Saint Exupéry, au patronage de Solesmes, à l’accueil pour la paroisse de Sablé. Toujours militante à l’ACO, elle participera également au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement et est adhérente à l’Union Locale des retraités CFDT.
Elle s’intéressera toujours à l’action politique au sens noble. Candidate sur la liste de gauche en 2001 et 2014, elle militait, ces dernières années, à la section locale du Parti Socialiste.
Au début de l’année 1993, les militants locaux de l’ACO sont à l’initiative d’une réunion publique sur le chômage où l’on entend le témoignage de plusieurs demandeurs d’emploi. C’est avec eux que Roger, Jeannette et quelques autres fondent, fin 1993, l’Association de la région Sabolienne de Soutien Actif aux Demandeurs d’Emploi (ASSADE). Roger – jusqu’à sa mort – et Jeannette – jusqu’à son dernier souffle – s’y engagent à fond. Jeannette anime des ateliers, est présente à toutes les permanences, rédige des articles pour le journal, tient la trésorerie pendant de longues années. Elle réussira à relancer l’association quand elle traversait une mauvaise passe au début des années 2000 et sera présidente de 2006 à 2008. C’était, aussi et surtout, l’âme de l’ASSADE.
Jeannette c’était d’abord une voix : douce mais ferme ; jamais un mot de trop mais le mot juste. Face à l’injustice, aux compromissions, aux inégalités, elle clamait son indignation et sa révolte et n’hésitait pas à prendre sa plume pour exprimer vertement sa colère et ses critiques à tous ceux qui les avaient méritées ! Elle savait écouter, réconforter, soutenir, encourager comme nulle autre pareille. Elle mettait ses dons artistiques (et quels dons !) au service des adhérents et adhérentes. Elle était armée d’un solide sens des réalités et de beaucoup de générosité. Combien de personnes a-t-elle réussi à remettre debout !
Petite, presque fluette mais animée d’un souffle puissant, c’était une « grande dame ».