L’Association bas-rhinoise des chômeurs et des demandeurs d’emploi (ABCDE) reste opposée aux dispositifs qui lient RSA et bénévolat. Elle n’exclut pas de se retourner contre les associations qui accueillent les allocataires.
Pour l’heure , le cas ne s’est pas présenté mais l’organisation bas-rhinoise d’accès aux droits des chômeurs et précaires est prête, le moment venu, à y faire face : « Si un allocataire vient chez nous et nous dit qu’il est obligé, pour percevoir le RSA, de se rendre » à dates et à heures fixes dans une association, ABCDE s’emploiera à « faire requalifier » l’engagement qui lie les deux parties « en contrat de travail », a indiqué jeudi son secrétaire général Marc Desplats, lors d’une conférence de presse.
Puisque le conseil départemental du Haut-Rhin persiste à vouloir lier bénévolat et RSA (en proposant aux bénéficiaires de signer un contrat d’engagement quadripartite qui inclut une association et un tuteur), l’organisation a décidé de rappeler à sa façon aux associations que la seule condition pour percevoir le RSA est « une condition de revenu » et que « le bénévolat obligatoire est illégal ».
Faire entendre la voix des chômeurs et précaires
« Elles se mettent en danger en prenant des bénévoles au RSA envoyés par le Département », prévient M. Desplats. « Nous ne pouvons pas nous retourner contre le Département mais nous pouvons le faire contre une association. »
Ce sujet n’est que l’un des nombreux motifs de préoccupation d’ABCDE. L’organisation, relais départemental du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, continue en effet à militer pour que la voix des personnes sans emploi soit entendue dans les instances dont elles dépendent. C’est le cas par exemple de l’instance paritaire régionale (IPR), chargée notamment de trancher certains litiges avec Pôle Emploi. « Nous demandons à rencontrer ses membres pour obtenir des précisions sur ses procédures », a expliqué Jeannot Laas, le président de l’association.
Celle-ci espère aussi parvenir enfin à convaincre la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) de réfléchir à « la problématique de la verbalisation des allocataires abonnés » à la tarification solidaire. «Ils ne sont pas payés avant le 5 ou le 6 du mois », explique Daniel Laresser, membre du conseil d’administration. Ils sont donc « dans l’impossibilité de s’acquitter de leur abonnement et se prennent des PV à chaque début de mois », ce qui « créé des tensions énormes dans les transports en commun ». ABCDE souhaiterait qu’ils puissent disposer des mêmes facilités de paiement que les autres abonnés. « Nous avons envoyé un courrier dans ce sens au président de la CTS Alain Fontanel», a précisé M. Desplats.
Les membres d’ABCDE comptent enfin profiter de la sortie du livre Chômage, précarité : halte aux idées reçues* , préfacé par Ken Loach, pour « montrer le vrai visage des chômeurs, victimes et non coupables, acteurs et citoyens engagés de notre société ».
L’ouvrage, produit de la collaboration de 25 organisations qui luttent contre le chômage et la précarité sera ainsi au cœur d’une soirée débat mercredi 12 avril à 19 h à la librairie Quai des Brumes à Strasbourg.
ABCDE ouvrira les portes de son local (45 rue de Saint-Dié à Strasbourg) samedi 18 mars de 10h à 18h. Les administrateurs seront présents et répondront aux questions.
* Chômage, précarité: halte aux idées reçue s, coordonné par Jean-François Yon, éditions de l’Atelier, 240p; 10 euros.