Jeudi, les partenaires sociaux, toujours divisés sur les contrats courts, se sont séparés sans trouver d’accord. Mais ils ont toutefois décidé de se retrouver le 22 février pour une ultime séance de négociation. D’ici là, les organisations syndicales réclament des clarifications à l’exécutif.
Rendez-vous la semaine prochaine. Cela devait être la dernière séance de négociation de la réforme de l’assurance chômage. Mais, jeudi soir, les partenaires sociaux, réunis au siège du Medef, n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Sans toutefois enterrer la négociation, puisqu’ils se sont fixé un nouveau rendez-vous, le jeudi 22 février. De quoi se donner une ultime chance ? Peut-être, mais à une condition, fixée par les syndicats : que le gouvernement prenne ses responsabilités. Et se fasse plus précis sur ses attentes, notamment sur la question, au cœur du désaccord, de la lutte contre les contrats courts, dont les abus coûtent cher à l’assurance chômage.
Promesse de campagne
Lorsqu’il a invité les partenaires sociaux à négocier, fin 2017, l’exécutif ne leur a donné qu’en partie carte blanche. Certes, syndicats et organisations sociales se sont vus confier l’élaboration de trois mesures : l’ouverture des droits à l’assurance chômage aux démissionnaires, aux indépendants et la lutte contre la précarité, donc contre le recours abusif aux contrats très courts. Mais en leur remettant leur feuille de route, il a aussi fixé des limites et posé une menace. Si la copie rendue par les partenaires sociaux n’est pas à la hauteur de ses attentes, il n’hésitera pas à imposer son propre dispositif : le bonus-malus.
Outil de modulation des cotisations sociales payées par les employeurs en fonction de leur gestion des ressources humaines, le bonus-malus était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Si les syndicats y sont favorables, avec des divergences de points de vue sur le type de dispositif à mettre en place, le patronat, en revanche, est vent debout contre le dispositif. A tel point que, depuis le début des négociations, il se contente de proposer, très timidement, de renvoyer le sujet à des négociations de branches.
«Pas de commentaires pendant les négociations»
Maigre pas en avant jeudi, les organisations patronales qui évoquaient jusqu’alors des négociations dans quatre branches (l’intérim, le spectacle, l’hébergement-restauration et l’hébergement médico-social), proposent désormais que «l’ensemble des branches» professionnelles soient «invitées» à «ouvrir des négociations» sur les moyens de réduire la précarité. Pas suffisant pour les syndicats, ces derniers estimant qu’il est nécessaire de prévoir une sanction financière pour les branches qui ne négocieraient pas ou aboutiraient sur un accord jugé insuffisant. D’où la volonté syndicale de voir le gouvernement clarifier sa position, et mieux réaffirmer sa menace, afin de mettre un peu plus la pression au patronat.
Problème : depuis la campagne présidentielle, difficile d’en savoir plus sur la ligne du gouvernement, tant ce dernier entretient le flou. «Pas de commentaires pendant les négociations», répond-on du côté du ministère du Travail. Mais pour les syndicats, c’en est trop. Ils dénoncent un flottement qui pénalise la négociation. «Il faut que le gouvernement prenne la parole, qu’il affirme qu’en tout état de cause, il mettra en place le bonus-malus», si les branches échouent, s’agace Véronique Descacq, la négociatrice de la CFDT. «Le gouvernement doit nous rassurer», abonde Michel Beaugas, de FO, même s’il n’est «pas sûr»qu’il «soit prêt». Et d’ajouter : «Jupiter a parfois des failles.»
Amandine Cailhol | Libération | 16/02/2018
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