Les projets de réforme de l’assurance chômage et de la formation professionnelle inquiètent l’Association bas-rhinoise des chômeurs et demandeurs d’emploi (ABCDE). L’organisation se mobilise pour faire entendre la voix des plus précaires.
Ils sont concernés au premier chef par les prochaines réformes annoncées par le gouvernement. Pourtant, ils n’ont pas accès à la table des négociations. Les représentants du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) dont fait partie ABCDE ont décidé de se faire entendre différemment. Pas question pour eux de rester silencieux au moment où se négocient de nouveaux dispositifs d’indemnisation et de nouvelles conditions d’accès à la formation professionnelle. D’autant que les propositions mises sur la table par le gouvernement ne sont pas satisfaisantes à leurs yeux.
L’association bas-rhinoise a décidé de prendre son bâton de pèlerin. D’abord pour expliquer les enjeux des réformes aux chômeurs et aux demandeurs d’emploi du territoire (lire ci-contre), et ensuite pour présenter sa plateforme revendicative aux parlementaires. Elle compte en effet dire aux députés et aux sénateurs de la région son hostilité à tout ce qui s’apparente à une remise en question des droits des plus précaires.
Pas de durcissement des contrôles
Son premier motif d’inquiétude porte sur le durcissement du contrôle des chômeurs. « Nous sommes vent debout » contre cette mesure, explique Marc Desplats, le secrétaire général d’ABCDE. « Nous ne sommes pas contre le contrôle, mais il droit être réservé aux gens qui font de fausses déclarations financières ». Les autres motifs de radiation devraient, estime-t- il, être supprimés, tout comme l’offre raisonnable d’emploi (qui empêche un salarié de refuser plus de deux offres d’emploi). L’organisation, qui « veut être consultée de façon officielle » sur toutes ces questions, tient également à ce que les démissions en période d’essai soient indemnisables.
Le projet de réforme de la formation professionnelle doit lui aussi être revu, estime l’association d’accès aux droits. Aujourd’hui, explique son responsable, l’offre de formation est toute entière élaborée sur la base des besoins des entreprises. Résultat : « Quelqu’un qui a un projet personnel n’arrive pas à faire financer sa formation », déplore Marc Desplats pour qui « il faut rééquilibrer » le dispositif afin de mieux prendre en compte « les besoins des personnes », le simplifier aussi pour en faciliter l’accès.
Le combat du MNCP et des associations qui le composent ne se limite évidemment pas à ces thématiques. Son but premier, rappelle Marc Desplats, est de faire en sorte que les chômeurs et les précaires soient égaux en droit avec les salariés. Cet objectif n’est pas seulement la colonne vertébrale de sa plateforme revendicative. C’est également un engagement très concret. ABCDE s’emploie à accompagner au quotidien les inscrits à Pôle emploi et les bénéficiaires du RSA lors de réunions et d’activités qu’elle organise à leur intention. Des activités qui pourraient monter en puissance. Les nouveaux locaux dans lesquels l’association a emménagé l’été dernier lui offrent en tout cas une nouvelle marge de manœuvre.
Odile Weiss | DNA | 10/02/18
Lien vers l’article: http://www.dna.fr/economie/2018/02/10/au-nom-des-chomeurs-et-precaires