2014 année de l’exclusion sociale pour les bénéficiaires de RSA
Dans le but d’informer l’opinion public et notamment les bénéficiaires de RSA , nous avons tenu à faire part de notre inquiétude et désapprobation sur la suppression de la mesure du Chèque Formation Individuel (CFI ) depuis le 01/01/2014. C’ était une mesure d’accompagnement qui permettait à un certain nombre de bénéficiaires quelque soit leur âge de bénéficier d’une prise en charge de formation professionnelle à hauteur d’environ 4000 euros , d’acquérir des outils pour leur réintégration professionnelle d’obtenir des atouts afin d’être dans une position d’employabilité. Cette mesure qui a été financée à hauteur de 1 000 000 d’euros durant l’année 2012 et 2013 vient d’être supprimée par le Conseil Général pour des raisons de contraintes budgétaire.
Cette décision que l’on déplore a des conséquences dramatiques sur les perspectives d’avenir des bénéficiaires du RSA, qui vont désormais se trouver démunis et écartés du système de la formation du fait de leur handicap d’être au RSA.
Une grande majorité de ces bénéficiaires seront condamnés à vivre avec le RSA socle sans avoir la possibilité de pouvoir accéder à une formation, étant donné la diversification de ce public on peut se poser la question sur la politique d’insertion à la Réunion
La Région a mis en place un plan d’accompagnement pour les demandeurs d’emplois en excluant les bénéficiaires du RSA , à travers la mise en œuvre du dispositif » chèque formation réussite », la mission locale a un public bien spécifique de 16 à 25 ans , le Pôle emploi qui s’occupe prioritairement du public en position d’employabilité, lorsque l’on connaît les difficultés rencontrées par certains bénéficiaires du RSA pour accéder à un emploi, et l’âge moyen des bénéficiaires du RSA majoritairement 35 à 50 ans et même plus à la Réunion on peut s’ inquiéter de la politique d’insertion à la Réunion.
Cette décision sonne comme une nouvelle mesure de ségrégation sociale à l’égard des bénéficiaires du RSA.
Le désengagement du Conseil Général dans cet accompagnement social des bénéficiaires du RSA, pour raisons de contraintes budgétaires doit susciter une remise en cause de la politique d’insertion prônée par le Gouvernement car cela a de lourdes conséquences dans le processus de réintégration de ce public dans le circuit professionnel et qui n’a d’autre alternative que percevoir une allocation de subsistance.
Je rappelle qu’à travers cette mesure plusieurs type de prise en charge ont été réalisés, ce qui a permis de démontrer que de nombreuses personnes concernées ont pu réintégrer le circuit professionnel, allant de la préparation d’un examen, des petites formations dans tous les domaines pouvant favoriser l’employabilité des bénéficiaires du RSA , car le pôle emploi ne peut pas répondre à cette carence d’insertion, sous prétexte que ce ne sont pas des publics employables immédiatement compte -tenu de certaines défaillances individuelles nécessitant une remise à niveau.
Le désengagement brutal du Conseil Général dans le financement de cette mesure pose le problème de l’accompagnement et des perspectives de l’insertion des bénéficiaires. D’où les questions suivantes :
– Quelle politique d’insertion pour les bénéficiaires du RSA?
– Quelle chance de réintégration des bénéficiaires qui ne sont plus jeunes?
– Quelles solutions ? Quelle réponse aux 80 000 bénéficiaires locaux?
– Sommes- nous entrés dans la phase de régression sociale?
Privés de formation et ballotés à travers les organismes d’accompagnement social et condamnés à vivre définitivement sans l’ultime espoir de retrouver une vie digne, est-ce cela le destin des bénéficiaires de RSA , et des chômeurs ?
La politiques de RGPP (Régime Général de la Politique Publique), et les contraintes imposées par le gouvernement oblige le Pôle Emploi à être sélectif dans le choix de son public par apport à l’offre de formation, la Région qui bannit les bénéficiaires de son programme de formation, et le Conseil Général qui est contraint de se désengager de sa politique d’insertion.
Les bénéficiaires du RSA sont- ils devenus des parias de notre société des bannis, sont-ils considérés comme des sous-citoyens et des objets de chantage de la société?
Avec ce désengagement on accentue l’exclusion des bénéficiaires du RSA , face à cette inconscience des pouvoirs publics de cette ségrégation, quelle alternative pour le développement durable humain pour la Réunion de demain?
Une économie est prospère quand les consommateurs sont en situation active et productive devant une telle décision pouvons-nous penser un seul instant que demain l’horizon du destin brisé de nos compatriotes injustement condamnés à cette double peine serait plus éclairci ou plus sombre.
Peut- on parler réellement de politique d’emploi ?
Il est urgent que le gouvernement se saisisse du problème de l’insertion et du devenir des milliers de bénéficiaires du RSA s’il ne veut pas dans un avenir proche assister à l’enlisement de notre société dans les méandres de la colère et la violence. Car on ne peut pas sous prétexte d’économies pénaliser ceux qui sont déjà affaiblis par leur handicap.
Nous devons aller vers une politique d’intégration et non une politique de fossoyeurs.
Tribune de Georges ARHIMAN, Président de MAILLON – ECO, publiée dans le Quotidien de la Réunion, le Jeudi 29 Mai.