Le « contrôle » ! voilà un procédé facile et assez malhonnête pour discriminer un peu plus une population qui a en réalité besoin qu’on l’accompagne dans sa recherche d’emploi, et non pas qu’on la mette davantage au ban de la société, en prétendant qu’elle ne recherche pas suffisamment.
Moins d’accompagnement plus de contrôle
Le contrôle redynamiserait les chômeurs dans leur recherche. Cet argument est la preuve flagrante d’une méconnaissance, voire d’une indifférence totale à leur situation. Depuis la fusion ANPE/ASSEDIC, on en demande toujours plus aux uns et aux autres, par souci budgétaire aussi, au détriment de cet accompagnement : « les portefeuilles » explosent, les conseillers sont surchargés, n’ayant plus les moyens d’offrir aux demandeurs un service public d’accompagnement vers l’emploi de qualité. Laissés à l’abandon, les chômeurs doivent se débrouiller seuls dans un univers de plus en plus dématérialisé qui les isole chaque jour un peu plus.
Alors oui, de qui se moque-t-on ? Ceux qui ont imaginé le renforcement des contrôles, ont-ils un seul instant pensé aux conséquences désastreuses qu’un contrôle pouvait impliquer : peur d’être contrôlés, radiation éventuelle après ce contrôle, situations financières inextricables… Bravo pour la redynamisation du chômeur ! On ne pouvait pas faire mieux ! Et derrière cette idée de renforcement du contrôle, en triplant les agents, celle en filigrane, que les chômeurs seraient des fraudeurs potentiels. Or, la fraude financière ne représente que 0,5% des prestations versées, une misère au regard de la fraude fiscale et de celle des employeurs aux cotisations sociales. Selon une étude récente menée par Pôle emploi, 14 % des chômeurs auraient été radiés suite à un contrôle non pas financier, mais de la recherche active d’emploi ; et il est précisé que seulement 34 % des contrôles sont issus d’un contrôle aléatoire, le reste serait la conséquence de signalements d’agents ou de requêtes ciblées. Rappelons également que moins d’un chômeur sur deux est indemnisé au titre de l’Assurance chômage. Par eux-mêmes, ils abandonnent leurs droits : trop de pressions, de stress, de difficultés administratives… Les institutions ne sont-elles pas là pour protéger les plus faibles ? En tout cas, c’est la mission du service public. A vouloir vider de son contenu celui de Pôle emploi, on s’oriente vers une société de plus en plus inégalitaire et injuste, en accentuant également la paupérisation et le découragement des plus faibles.
C’est le chômage qu’il faut combattre, pas les chômeurs
Oui, de qui se moque-t-on ? C’est le chômage qu’il faut combattre, pas les chômeurs. Et dans ce combat, saluons le courage des chômeurs. Seraient-ils des imbéciles pour refuser une offre raisonnable d’emploi, alors qu’ils acceptent des emplois indignes qu’ils ne leur permettent même plus de survivre ? Pour ne retenir qu’un exemple : 70 % des offres d’emploi proposées sont des CDD de moins d’un mois. Des créations d’emploi ? Baisse du chômage ? Un emploi pour tous ? Même avec 30 000 chômeurs de moins au premier trimestre 2018 en catégorie A, il faudra plus d’une génération pour retrouver le plein emploi. Et ça fait déjà cinquante ans que l’on observe les statistiques et que l’on nous promet la lune ! Et rappelons que pour 6 millions de chômeurs, il n’y a que 600 000 offres (10 %). Combien de personnes ne trouveront jamais un emploi ? seront toujours derrière ? prendront claque sur claque ? Trop vieux, trop jeune, sans expérience, au chômage depuis trop longtemps… pas formés pour le marché du travail qui doit enrichir grands patrons et actionnaires.
Une fois de plus, c’est sans aucune concertation des chômeurs et des organisations qui les représentent que l’on s’apprête à prendre des décisions qui ont un but clair et qui les méprisent, en diminuant le nombre déjà minoritaire des allocataires, en radiant toujours plus et sans raison valable. C’est donc un projet clairement antisocial, répressif et discriminatoire contre une catégorie de salariés privés d’emploi dont le sort va empirer. C’est un projet qui, avec l’annonce de 4 000 licenciements de conseillers et salariés de Pôle emploi, casse le peu qu’il reste d’un Service Public de l’Emploi, ayant pour mission l’accompagnement, l’indemnisation et l’orientation de tous les chômeurs.
⬇ Retrouvez la plateforme du MNCP sur le contrôle des chômeurs
Une réponse
Relativement spontanément, il me vient à l’esprit la volonté d’apporter les réflexions ou éléments ou témoignages suivants :
– Votre article, intéressant ne serait-ce que parce qu’il s’intègre dans une démarche qui vise à diminuer une pression souvent injuste qui pèse sur des demandeurs d’emploi et d’avenir, rédigé hier, n’a toujours pas reçu de commentaire. Je trouve cela étrange et souhaite donc lever un peu de cette étrangeté avec précisément un commentaire ;
– Et puis un témoignage: à deux mois d’intervalle, j’ai enduré à deux reprises un blocage d’allocations sans aucune raison (croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer); bien sûr, la première fois, on peut parler de problème technique; mais il me semble que la deuxième, on ne le peut plus; bien sûr, à chaque fois, j’ai obtenu le déblocage, mais avec 11 jours dans le 1er cas, et 5 jours dans le second, de délai de paiement: ambiance vis à vis de la banque, par rapport à mon ventre, par rapport au psychisme, et par rapport à la capacité à mener une recherche de travail.
– La deuxième fois, expliquant courtoisement à la personne chargée éventuellement des allocations, en des termes un peu moins pédants que les suivants, les règles du métabolisme humain, les réalités bancaires, etc…, cette dernière, fort sympathique, eut donc l’extrême bonté de me convoquer dans les prochains jours pour un job-dating pour un emploi qui n’a strictement rien à voir avec mon profil ou mon « PPAE », mais qui a le mérite de correspondre à un salaire double de l’ASS (A bons entendeurs salut!); typiquement, bien sûr, ne pas y aller m’expose à une radiation (c’est écriiit).
– A deux reprises de mes vies de demandeur d’emploi, j’ai reçu un document, à signer, précisant que « nous » (conseillère et moi-même) avions actualisé le PPAE, quand bien même aucun rendez-vous, ni rencontre n’avait eu lieu.
– Les ateliers « grand-n’importe-quoi » (Même s’il est vrai que ce fléau tend à disparaître je crois) m’ont laissé un goût acide amer déstructurant.
1-La vision de Pôle-Emploi,
2-l’effarement face à l’absence de percolation de ce genre de réalités dans la presse qui se plaît par ailleurs de temps en temps à faire des plus ou moins gros titres sur les agressions dont seraient victimes les conseillers, que je respecte a priori, du moins ceux qui font un peu leur travail même si je ne vois chez aucun d’eux des mineurs de fond,
que toute personne (comment imaginer être seul…) peut avoir avec ce genre d’expériences, n’ont pas besoins d’être explicités.
Ce site est à saluer. Par contre, sans vouloir vous offenser, l’utilisation de Facebook ne cadre pas forcément avec l’esprit de la lettre.