Ces fausses entreprises où les chômeurs travaillent pour de vrai
Les Entreprises d’Entraînements Pédagogiques proposent une formation un peu particulière pour les demandeurs d’emploi: un stage dans une entreprise fictive où chacun joue le rôle de la fonction visée pour l’apprendre par la pratique.
Alors que Pôle Emploi a dévoilé dans une étude qu’un chômeur sur deux qui avait suivi une formation prescrite avait trouvé un emploi dans les six mois, une formation un peu particulière donne encore de meilleurs résultats. Cette méthode est en application depuis 25 ans: la «fausse» entreprise, institutionnellement appelée Entreprise d’Entraînement ou Pédagogique (EEP) permet à 70% des personnes ainsi formées d’être embauchées. 7000 «faux» salariés par an y travaillent – pour de vrai – afin d’y acquérir des compétences, non devant un tableau noir, mais en occupant le poste convoité. Il s’agit d’apprendre par la pratique et non par la théorie, dans le cadre d’une entreprise du secteur tertiaire. «Ils jouent le rôle de leur futur emploi», résume Pierre Troton, dirigeant du Réseau des entreprises d’entraînement ou pédagogiques (REEP) en France.
Tout semble vrai dans ces entreprises: supports papier, fonctions, organisation hiérarchique, réunions, capital… À cela près que les chèques sont barrés de la mention «spécimen», le capital est fictif et les rémunérations moindres, par rapport à la fiche de paie reçue en fin de mois. Ces centres de formation sont financés par les divers acteurs du secteur de l’emploi (Pôle Emploi, Conseils Régionaux et Généraux, Fonds social européen, Agefiph, OPCA…).
Une formation très personnalisée s’adaptant à chacun des «employés»
Les futurs salariés qui intègrent cette formation sont majoritairement orientés par Pôle Emploi, l’Agefiph lorsqu’il s’agit de personnes handicapées, ou encore les missions locales concernant les jeunes. Ils doivent alors correspondre aux critères du REEP: «Premièrement, la motivation: ils doivent accepter le rythme, les tâches à effectuer… Puis nous établissons le bilan des compétences déjà acquises pour ne pas refaire les mêmes apprentissages. Nous ciblons les lacunes afin de personnaliser au maximum la formation», explique Pierre Troton.
Le stagiaire occupe ensuite un poste dans l’une des 110 EEP en France dans le domaine du management, commerce, gestion, secrétariat ou ressources humaines. Il est ainsi formé et met en même temps sa formation en application. Au cours des 4 à 6 mois de stage, il pourra évoluer dans l’entreprise, occuper une autre fonction s’il souhaite trouver une situation polyvalente à la sortie, spécifie Pierre Troton. «Deux à trois formateurs sont présents dans chaque entreprise pour leurs transmettre des connaissances, soit en face-à-face sur le modèle pédagogique des auto-écoles, soit en réunion».
« Après la période de validation de compétences, nous faisons de la médiation à l’emploi pendant 3 à 6 mois. » Pierre Troton
À la fin de cette période, les formés effectuent généralement un stage bien réel dans une vraie entreprise. La formation en EEP s’achève par une attestation de l’entreprise, accompagnée soit de titres propres au réseau, soit des titres du ministère du Travail ou de l’Éducation Nationale. Dans le cadre de cet apprentissage personnalisé, il est également possible de recevoir des titres de répertoire national valorisant des connaissances spécifiques comme le TOEFL (test d’anglais largement répandu dans le monde) ou le B2I (le brevet informatique et internet), ajoute Pierre Troton.