Colloque Santé et Travail à l’assemblée nationale

Ce mercredi 5 avril, le MNCP était présent au colloque Santé et Travail : témoignages et perspectives, organisé par le député Aurélien Saintoul et son équipe. Une demi journée très riche en témoignages et des interventions très instructives. Le travaille peut tuer, handicaper, affecter la santé, les relations sociale, l’estime de soi, la famille… Des mesures existent pourtant pour encadrer le travail. Droit du travail, indemnisations, accompagnement, la liste des manquements est longue.

Des intervenants et intervenantes de tous horizons

De 14h à 17h15, des collectifs, avocats, représentants syndicaux et sociologues ont discuté autour de plusieurs tables rondes. Partage d’expériences, analyses, perspectives envisagées… Les sujets de discussion n’ont pas manqué. Autour des tables rondes : Mathieu Lépine. Depuis 2019, cet enseignant en Histoire-Géo recense les accidents du travail mortels. Il en a écrit un livre l’Hécatombe invisible, sorti au mois de mars. La FNATH était également représentée. Cette association défend et accompagne les personnes accidentées de la vie, pour faciliter leur accès aux droits dans le domaine des accidents du travail, des maladies professionnelles et plus généralement des maladies et accidents en général. Aussi, Le Collectif Familles : Stop à la mort au travail ! était représenté en nombre. Créé en novembre 2022, des familles de victimes se sont unies pour s’entraider face aux démarches administratives accablantes qui les touchent mais aussi pour faire évoluer les mentalités et donner de la visibilité à ce fait social qui fait au moins 600 morts par an dans l’indifférence générale. L’inspecteur du travail licencié en 2020 pour avoir trop bien fait son travail puis réhabilité dans ses fonctions l’an dernier en 2022 Anthony Smith était également présent.

Des chiffres alarmants et qui font polémique

Aujourd’hui en France, c’est plus de 600 000 accidents du travail sont recensés. On sait également que beaucoup d’accidents du travail ne sont jamais déclarés… Chaque jour, ce sont 3 personnes qui meurent à cause de leur travail. La question de la santé au travail est donc cruciale à l’heure où Emmanuel Macron repousse cruellement l’âge de départ à la retraite.

Si la France est « championne d’Europe » en accidents mortels du travail, certains membres du gouvernement rétorquent que le système de comptage n’est pas le même dans tous les pays. Quand on sait que ces mêmes membres du gouvernement utilisent la même comparaison avec les pays d’Europe pour reculer encore l’âge de départ à la retraite, on aurait presque envie de sourire si on ne parlait pas de la mort des gens. Le collectif Famille appelle plutôt à sortir de cette polémique qui occulte les questions de fond. Une personne morte au travail, c’est une de trop. Commençons d’abords par appliquer les règles déjà établies et qui ne sont jamais respectées.

Aussi, si les jeunes sont les plus touchés par les accidents du travail, ce sont les travailleurs les plus âgés qui ont les accidents les plus graves. « Je me souviens d’une personne auto entrepreneur dans le bâtiment, qui est décédé d’une chute de hauteur. Pourtant à la retraite, l’homme ne s’en sortait pas avec sa pension. Il avait… 68 ans. » rapporte Matthieu Lépine.

En forçant les français à se mettre au boulot plus tôt (valorisation des apprentissages), en faisant planer la menace du chômage avec la baisse des allocations de retour à l’emploi, et ce, toujours plus longtemps sans faire appliquer correctement le code du droit du travail pour protéger les salariés, le gouvernement est responsable de ces accidents.