Actualités

Tribune du MNCP : Les chômeurs ignoblement stigmatisés

VAN_1205151967.jpgTribune publiée sur la Croix, le 9 Septembre 2014

Les chômeurs ignoblement stigmatisés

par Jacques-Henri Vandaele, président du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP)

Ce matin sur Itélé, François Rebsamen déclarait qu’il fallait « renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi. » En se basant sur le vieux marronnier éprouvé de ces « milliers d’offres d’emplois qui ne trouvent pas preneurs », 350 000 selon le Ministre du travail, le but était clair : masquer l’échec du gouvernement à inverser la courbe du chômage en stigmatisant une nouvelle fois le chômeur parasite et profiteur du système.

Ces propos sont humainement ignobles, économiquement stupides et politiquement calamiteux.

Humainement ignobles car les chômeurs sont déjà surcontrôlés et sanctionnés (une absence à rendez-vous peut entraîner deux mois de suspension d’indemnité) sans que jamais Pôle Emploi ne donne le change.  Les derniers chiffres du chômage s’élevaient à 3, 424 millions pour la catégorie A et 5 386 600 toutes catégories confondues en France, DOM compris. Quand bien même ces 350 000 emplois seraient pourvus –à force de déqualification et de misère – il resterait plus de 5 millions de chômeurs. Aujourd’hui, on cherche de l’emploi comme on cherche de l’or, la rareté est la règle, la précarité sa conséquence. Le gouvernement y rajoute la culpabilité et la mise en concurrence des salariés et des chômeurs. Le voisin du salarié précaire serait le chômeur fainéant et fraudeur en puissance. Qu’auraient dit, sous Nicolas Sarkozy, les députés socialistes, de Manuel Valls à Jérôme Guedj, si Xavier Bertrand, alors Ministre du Travail, avait fait une proposition pareille ? D’ailleurs il l’a dit, et ils l’ont condamné.

C’est l’arithmétique qui tient lieu d’analyse économique : prenons quelques millions de chômeurs, pourvoyons quelques milliers d’emplois, cela fera, mathématiquement, moins de chômeurs. Cela relève de l’absurde, rapproche des données statistiques différentes, et ne tient pas compte, ni des qualifications des chômeurs, ni de la qualité des offres d’emploi à pourvoir : s’agit-il d’emplois en CDD ? En temps partiel ? De petits boulots payés à coups de lance-pierre ? Des fameux contrats aidés ? De CDI ? Poussons l’absurdité à son comble : recueillir des offres d’emploi non pourvues, c’est la mission première de Pôle Emploi. La définition même d’une offre d’emploi, c’est qu’elle est non pourvue. Si Pôle Emploi réussissait à pourvoir toutes les offres d’emploi disponibles, il n’en aurait plus à proposer aux chômeurs, et n’aurait plus de raison d’être. Ni d’ailleurs de contrôler les chômeurs ! Nous étions habitués aux devises Shadocks de M. Sapin sur le « ralentissement de la hausse », mais il semble que M. Rebsamen soit aussi doté d’un humour bien à lui.

Politiquement, c’est une calamité. ANI, réforme des retraites, augmentation de la TVA,  nouvelle convention d’assurance chômage, pacte de responsabilité : les chômeurs et les précaires payent depuis longtemps cette crise dont ils ne sont pas responsables. Cherche-t-on encore à faire comme l’Allemagne, dont la sainte croissance est à bout souffle,  c’est-à-dire, accroître la pauvreté et le mal-emploi pour diminuer le chômage ?

Le MNCP demande au Ministre du Travail – qui est aussi celui des chômeurs – de revenir sur ses paroles, de ne pas accroître la mise sous tutelle des précaires. Notre mouvement est prêt à rencontrer le ministre pour discuter avec lui sur les moyens de lutter efficacement contre les inégalités et de cesser de persécuter les personnes en situation de précarité.

Jacques-Henri Vandaele, Président du MNCP

Une réponse

  1. Ceux qui traitent avec mépris les chômeurs de « feignasse » tout en faisant l’apologie du travail, de l’autorité et de l’esclavage, pensent que la vie n’est que sacrifice et souffrance. Ceux là sont les même qui soutiennent un pouvoir corrompu dont les politiques successives ont développés un chômage irréversible qui a condamné aujourd’hui le tiers de la population.
    Si ces sociopathes avaient quelque peu de savoir vivre, ils présenteraient leurs excuses aux chômeurs et feraient tout pour les aider à survivre. Ces pervers narcissiques, qui dénigrent et insultent les victimes de leur système inhumain mais adoré, ne sont que des salopards qui pue la mort, esclaves d’une société en décomposition.
    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=285875171617963&set=a.114520682086747.1073741828.100005864473509&type=1&theater

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Plus d'articles

Facebook