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Permanence téléphonique de défense des droits : « Ne plus se sentir seul face à un système qui nous broie »

Depuis décembre 2019, nous avons mis en place une permanence téléphonique de défense des droits animée par nos associations locales. Bernard Gouedic, trésorier du mouvement et engagé au sein de l’association du MNCP à Morlaix (29), répond aux appels téléphoniques un après-midi par semaine.

L’objectif de cette permanence est d’abord de créer du lien : « Si la personne qui appelle habite dans un département où nous avons une association locale, nous la mettons en relation. » Le contact physique, quand il est possible, est toujours privilégié. Mais quand la personne ne peut se retourner vers aucune association locale, alors, les bénévoles qui animent cette permanence téléphonique tentent de trouver des solutions.

Répondre collectivement à des problématiques individuelles

« Nous tentons de conseiller les personnes sur les démarches à faire, les procédures à suivre pour être plus efficace dans les recours. » De plus, quand on envoie des e-mails ou des courriers à Pôle emploi ou à d’autres institutions avec le soutien du MNCP, il y a une écoute supérieure que dans le cas d’une démarche individuelle. Seuls, les chômeurs se retrouvent livrés à eux-mêmes et sont plus facilement considérés comme des fraudeurs en puissance.

Une des difficultés réside dans le fait que bien souvent les personnes qui appellent font face à une situation où les délais de recours sont dépassés. « Dans ces cas-là, on va les aider à faire une demande mais elle sera laissée à l’appréciation de Pôle emploi vu que les délais légaux sont prescrits. » Les délais de recours sont souvent assez courts et présentés de manière équivoque. De ce fait, les personnes se retrouvent souvent prises de court.

De plus en plus de procédures d’indus à Pôle emploi

Ces derniers mois, nous avons observé, dans nos associations et à travers la permanence téléphonique, une forte augmentation des procédures d’indus à Pôle emploi« Ils ont eu des consignes pour faire rentrer de plus en plus et de plus en plus vite l’argent qui aurait été indûment versé à des demandeurs d’emploi. » Cette politique crée de nombreux problèmes et plonge beaucoup de personnes dans une grande détresse. « Souvent la personne qui reçoit une demande d’indu de Pôle emploi est déboussolée et a du mal à réagir dans les temps très courts qui lui sont accordés. »

Il est très compliqué de respecter les délais et les procédures. Rien n’est fait pour faciliter le recours des personnes : « Si Pôle emploi ne répond pas dans les 2 mois, le requérant doit en conclure que sa demande est rejetée mais il n’a aucun élément de justification. Pôle emploi ne dit rien. Mais cela entraîne qu’au bout des deux mois d’autres délais démarrent, et si la personne n’a pas les réflexes de réagir à temps, parce que prise par d’autres difficultés de la vie, elle finit par ne pas respecter les délais ; et donc Pôle emploi se retrouve dans une position extrêmement confortable. »

Ramener un peu d’humanité face à l’exaspération qui monte

En dehors des conseils techniques, la demande principale des personnes qui contactent la permanence réside tout simplement dans l’écoute : « Souvent la réaction des gens c’est : enfin j’ai réussi à avoir quelqu’un qui m’a écouté sans m’interrompre, qui n’a pas cherché à écourter la conversation. Ne plus se sentir seul face à un système qui nous broie. »

Le choix de la dématérialisation à outrance conduit à ces problèmes. Là où la discussion et l’échange pourraient éclaircir beaucoup de situations, les procédures mises en place font des chômeurs des présumés coupables. « Les gens ont besoin d’un contact physique. C’est souvent en face à face qu’ils peuvent mieux s’exprimer, se défendre ou réagir si Pôle emploi leur fait remarquer que quelque chose n’est pas clair dans leur argumentation. »

Les conseillers Pôle emploi sont maintenant vus comme des personnes pouvant vous retirer vos moyens de subsistance. « Dans nos associations et à travers cette permanence, on rencontre ces personnes qui ont l’impression que Pôle emploi ne traite pas avec sérieux leur demande. On sent qu’il y a une exaspération des demandeurs d’emploi envers les institutions qui ne font souvent rien pour essayer de les comprendre. Ça se traduit par exemple par des courriers qui restent sans réponse et qui laissent les personnes dans le vague le plus total. On sent bien qu’il manque un vrai dialogue, qui soit physique. Les gens qui sont en difficulté ont un grand besoin d’humanité. »

 

Numéro de la permanence : 01 84 16 94 22
Lundi / Mercredi / Vendredi : 10h à 13h et 14h à 17h
Mardi / Jeudi : 14h à 17h

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