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Social – MNCP Stop aux pressions

Il faut en finir avec les pressions exercées sur les personnes qui perçoivent le RSA. C’est le message qu’a fait passer mardi à Strasbourg Jacqueline Balsan, la présidente du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP).

Des situations inquiétantes, Jacqueline Balsan en voit beaucoup au cours de ses nombreux déplacements. La présidente du MNCP, qui a pris l’habitude de rendre visite à la quarantaine d’associations françaises qui œuvrent sur le terrain pour défendre les droits des personnes sans emploi et les aider à sortir de leur isolement, en a témoigné mardi à Strasbourg aux côtés des responsables d’ABCDE (Association bas-rhinoise des chômeurs et des demandeurs d’emploi) : la vie est de plus en plus difficile pour les « plus de dix millions de personnes en situation de précarité et de chômage, qui pour certaines, ne perçoivent rien du tout ». 

Changer de regard

Aujourd’hui, confirme son bras droit Zalie Mansoibou, « chaque loi, chaque mesure qui passe leur enlève des droits », « rabote un peu plus les aides » auxquelles elles peuvent prétendre, voire crée de nouveaux devoirs.

C’est le cas en Alsace où le conseil départemental du Haut-Rhin a tenté de subordonner le versement du RSA à la réalisation de sept heures hebdomadaires de bénévolat -sa délibération dans ce sens a depuis été annulée par le tribunal administratif.

« Mais dans le Bas-Rhin, c’est pire », a rappelé Marc Desplats, le secrétaire général d’ABCDE. « Chaque personne au RSA » est invitée à « signer un contrat d’engagement civique » l’incitant fortement à « s’impliquer dans la vie associative ».

Pour Jacqueline Balsan, « c’est inacceptable ! » C’est, selon elle, un témoignage de plus « qu’il y a partout de plus en plus de pression sur les personnes au RSA ». Il est en tout cas, a-t-elle insisté, parfaitement anormal « qu’une institution se permette d’obliger une population ciblée à faire du bénévolat ».

S’impliquer dans une association est, c’est vrai, « un formidable facteur d’intégration à la vie sociale et collective », a reconnu M. Desplats. Simplement, « il faut que le bénévolat soit volontaire, non soumis à pression » et donc qu’il « ne figure en aucun cas dans le contrat d’engagement du RSA signé par le conseil départemental ». C’est ce qu’ABCDE vient de demander par courrier au président Frédéric Bierry, en l’invitant à changer de regard.

Considérer « que les chômeurs et précaires ne trouvent pas d’emploi parce qu’ils sont trop éloignés de l’emploi ou pas assez volontaires » est selon l’association « une idée fausse », « une erreur de fond qui met les gens en position d’assistés ». ABCDE regrette que « la situation de l’emploi » ne soit « jamais prise en compte ».

Pour l’association, comme pour le MNCP, les vraies réformes à mener sont celles qui doivent permettre la création d’un « vrai revenu d’existence » qui éviterait notamment que des personnes radiées du RSA se retrouvent sans moyen de subsistance. « Nous voudrions que les droits » aujourd’hui ouverts par le travail soient, demain, « liés à la personne », a expliqué M. Desplats.

Les associations affiliées au MNCP, qui s’efforcent au quotidien de défendre les droits des personnes sans emploi (problème d’inscription à Pôle Emploi, de radiation, de suspension des droits, etc.) s’inquiètent aussi des conséquences d’une des mesures de la loi travail, passée selon eux injustement inaperçue : l’article 119 qui donne tout pouvoir à Pôle Emploi pour recouvrer des sommes indûment versées. « Les personnes concernées n’auront que quinze jours pour trouver un avocat », s’alarme Mme Balsan, qui s’attend à des drames.

Sur tous ces sujets, le MNCP est aujourd’hui l’un des seuls recours des personnes sans emploi. Or il se retrouve lui-même en situation précaire. « Pôle Emploi devait nous verser 275 000 euros de financements pour 2016 mais il ne l’a pas fait », déplore la présidente. « Cette somme devait être répartie dans les associations locales, pour leur permettre notamment de cofinancer un emploi aidé ». Résultat : certaines d’entre elles pourraient bien se retrouver « en péril »

 

Article du DNA, pages régionales du 10/11/2016

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