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Le revenu d’existence pour tous, le moyen de sortir de la crise

rue89
Publié le 23/08/2014 à 14h48
sur Rue 89
Sylvain Gouz
Journaliste

Il est aujourd’hui question – c’est François Hollande qui le dit – de « marier » la prime pour l’emploi et le RSA (revenu de solidarité active) pour redonner un peu de pouvoir d’achat aux plus pauvres. Et cela en remplacement de l’allègement des cotisations sociales pour les plus bas salaires annulé par le Conseil constitutionnel.

On se gardera ici d’entrer dans les contraintes techniques de ce mariage qui ne donnerait de « fruits » qu’à horizon de nombreux mois. Quelques lignes, simplement, pour souligner la petitesse absurde, la médiocrité ridicule, de cette mesure – autant que celle à laquelle elle devrait se substituer– dans un pays qui se veut, dixit le président Hollande, « la cinquième puissance économique du monde ».

Assurer à chacun de quoi vivre

Si l’on excepte trois années de récession (1975, 1993 et 2009), l’économie française a connu, faut-il le rappeler, soixante ans de « croissance » selon l’expression consacrée. C’est un pays riche, même si, percluse d’inégalités, elle ne distribue pas équitablement sa richesse (voir la distribution « record » des dividendes servis aux actionnaires en ces temps de crise).

Ceci pour en venir à cette formidable idée du « revenu minimum d’existence », idée qui devrait hanter l’esprit de tous les dirigeants des pays dits développés : car il s’agit tout simplement d’assurer à chacun de quoi vivre. Et par là même de sortir de la crise. Au-delà des primes, des prestations, des allocations diverses…

Un grand professeur d’économie, qui vient de nous quitter, Yoland Bresson, auquel me liait une amitié aussi profonde qu’intellectuelle, l’a formulé de très heureuse façon : un revenu qui serait attribué « inconditionnellement de la naissance à la mort, égal pour tous et cumulable sans restrictions avec n’importe quel revenu d’activité ».

Pas une fumeuse utopie

Le professeur Bresson a montré dans différents ouvrages – notamment « Le Revenu d’existence ou la métamorphose de l’être social » (éd. L’Esprit Frappeur) – que loin d’être une fumeuse utopie, cette idée serait parfaitement applicable et viable dans notre économie, malgré la crise, malgré les choix pour le moins hasardeux de ceux qui nous gouvernent.

Le professeur Bresson présidait l’Association pour l’instauration d’un revenu d’existence (Aire), précisément dédiée à son projet et qui en développe les multiples aspects. On constatera, sur son site, le sérieux et la rigueur de cette approche vers une société plus fraternelle.

Le train est en marche

Au-delà même de la France, cette idée fait son chemin sur le plan européen. Une pétition a circulé en 2013 dans l’Union européenne pour l’instauration au niveau européen d’un revenu d’existence ou « revenu de base ». Il fallait 1 million de signatures pour mettre en route le processus d’examen du projet par les instances européennes. En neuf mois, la pétition en a recueilli près de 300 000. Un bon début… mais compte tenu des règles européennes, tout est à recommencer.

N’empêche, le train est en marche. Le revenu d’existence finira par s’imposer dans nos pays, tant pour des raisons philosophiques que « bassement » économiques. Merci encore à Yoland Bresson d’en avoir été l’un des plus pertinents pionniers.

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