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Indemnisation chômage : l’accord entre patronat et syndicats ne fait pas l’unanimité

the huffington postAprès une négociation marathon achevée dans la nuit de vendredi à samedi, patronat et syndicats sont laborieusement parvenus à un accord sur de nouvelles règles d’indemnisation pour 2,2 millions de chômeurs, mais les critiques sont nombreuses. Article du Huffington Post du 22 mars 2014.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a estimé que l’accord « permettra d’assurer, pour les deux prochaines années, la pérennité d’un régime qui joue un rôle majeur pour notre cohésion sociale ».

Malgré un « contexte défavorable », a-t-il relevé dans un communiqué, cet accord « va renforcer la sécurisation de l’emploi avec la mise en oeuvre des droits rechargeables », permettant à tous les demandeurs d’emploi d’accumuler les droits à indemnisation chaque fois qu’ils retravaillent, alors qu’ils en perdaient auparavant une partie.

« L’indemnisation des salariés précaires qui alternent emploi et chômage s’en trouvera améliorée, comme l’encouragement à la reprise d’un emploi », a-t-il noté. S’agissant des intermittents, « une concertation entre partenaires sociaux et Etat (…), incluant les représentants des salariés et des employeurs concernés, permettra de discuter de propositions d’amélioration des conditions d’emploi et de lutte contre la précarité dans ces secteurs », a promis le ministre.

De son côté, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a « (pris) acte » et « se félicite » du maintien des annexes spécifiques au régime des intermittents du spectacle. « La pérennité de ce système est un acquis considérable », affirme la ministre.

Elle indique également qu' »en lien étroit avec Michel Sapin, elle restera particulièrement vigilante quant à la prochaine étape dont elle souhaite qu’elle puisse permettre de discuter de l’ensemble des propositions des employeurs et salariés du secteur culturel avec la volonté d’améliorer les conditions d’emploi et de lutter contre la précarité ».

La ministre « tient à associer à cette issue positive toutes celles et ceux qui se sont mobilisés, et tout particulièrement le monde de la culture, pour préserver un dispositif essentiel aux salariés, aux entreprises du secteur et à la vie culturelle de notre pays ». « Les salariés et employeurs du secteur culturel contribuent largement à la richesse du pays, ce n’est donc que justice que les intermittents puissent bénéficier de la solidarité interprofessionnelle du régime d’assurance chômage », conclut Aurélie Filippetti.

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a elle approuvé l’accord sur Twitter.

« Continuer la lutte » pour la CGT-Spectacle

Le ton n’est pas le même chez la CGT-Spectacle. Le syndicat a appelé samedi « à continuer la lutte », « pour exiger que le gouvernement refuse d’agréer » l’accord.

La CGT-Spectacle a quitté samedi au petit matin le Carreau du Temple, a indiqué à l’AFP Marc Slyper, représentant du syndicat. Une centaine d’intermittents s’étaient installés vendredi dans ce nouveau lieu pluridisciplinaire de la Ville de Paris, dans le IIIe arrondissement, pour faire pression sur les négociations.

Mais samedi après-midi, quelques dizaines d’intermittents occupaient toujours le Carreau du Temple. Ils avaient déployé à l’intérieur une grande banderole, avec l’inscription: « Le Medef partenaire social? Quelle comédie! ».

« La bataille reste entière pour réformer sur le fond le régime spécifique d’assurance chômage des intermittents, qui craque de tous côtés », a déclaré Marc Slyper, un représentant de la CGT-Spectacle.

Pour le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), les nouvelles règles découlant du projet d’accord sont « inacceptables ».

« En brandissant la menace de supprimer le régime spécifique des intermittents, toujours menacé, le Medef n’a que mieux détourné l’attention médiatique pour s’en prendre au régime général, et faire porter le poids du déficit de l’Unédic sur les plus fragiles, seniors, licenciés, chômeurs indemnisés et travailleurs précaires », a estimé le MNCP dans un communiqué.

Selon l’association de chômeurs, les nouvelles règles sont « inacceptables et les reculs ne sauraient être occultés par la mise en place des droits rechargeables et la simplification des règles de cumul chômage/activité réduite ». Le MNCP demande ainsi au gouvernement de « refuser son agrément à ce nouveau recul des droits des chômeurs », promettant « dès la semaine prochaine » des « actions coup de poing » des chômeurs, précaires et intermittents.

A l’UDI, Hervé Morin a lui salué samedi l’accord tout en regrettant le recul du délai d’indemnisation décidé pour certains cas.

« Les droits désormais rechargeables, permettant aux demandeurs d’emploi d’accumuler les droits à indemnisation à chaque fois qu’ils retravaillent -alors qu’ils en perdaient jusqu’à maintenant- est une mesure qui devrait favoriser la reprise de l’emploi », écrit dans un communiqué le président du conseil national de l’UDI.

« Je regrette néanmoins le recul du délai de l’indemnisation en cas d’indemnité importante de départ. De fait, ce délai de carence va toucher essentiellement les cadres. C’est un frein incontestable à la mobilité sur le marché du travail! », estime le député et ancien ministre, qui est aussi président du Nouveau centre.

Hervé Morin juge en outre que « cette réforme ne règle pas tout, loin de là ». « Il s’avère urgent, pour une véritable relance, de prendre à bras le corps le dossier de fond : il est absolument nécessaire d’instaurer plus de souplesse dans le droit du travail », conclut-il.

L’ancien ministre UMP Eric Woerth a regretté de son côté sur Twitter l’absence d’une réforme.

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