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D errières les chiffres mensuels du chômage, il y a des personnes en quête d’espoir.

Midi Libre est allé à la rencontre de quelques demandeurs d’emploi, un par catégorie. Portraits.

Derrière les chiffres mensuels du chômage, en très  légère baisse en janvier, Midi Libre a voulu aller plus loin, en intégrant, dans les derniers chiffres, les catégories D et E, peu médiatisées. Ainsi, tous inscrits confondus, 5,89 millions de personnes relèvent de Pôle Emploi dans l’Hexagone, dont 315 435 en Languedoc-Roussillon. Ce nombre est en hausse de 5,3 % sur un an tant en France qu’en région.

Georges, 48 ans

Georges François, du petit commerce au grand désarroi. Depuis 2013, cet homme de 48 ans pointe à Pôle Emploi. A Béziers, où il relève de l’agence du Capiscol. Georges François (Photo : Christophe Fortin) est inscrit en catégorie A, celle dont parlent le plus souvent les médias : elle rassemble les demandeurs en quête d’un travail à temps plein et qui sont tenus de « faire des actes positifs de recherche d’emploi ». De ce point de vue, Georges François pense avoir fait ce qu’il faut jusqu’à présent : « Au cours des douze derniers mois, j’ai contacté une soixantaine d’employeurs, fait toutes les démarches possibles et répondu à la moindre annonce qui se présentait. »

Mais il a fait chou blanc et n’a réussi à obtenir qu’un seul entretien, qui s’est soldé par une réponse négative. « C’était pour un emploi en contrat d’insertion. Nous étions huit à postuler. »

L’ancien commerçant qui vendait de la maroquinerie et de la lingerie cherchait initialement dans le secteur de la vente. Mais, à présent, il est prêt à prendre n’importe quel emploi. « J’aimerais suivre une formation dans un métier qui embauche », glisse-t-il. Pour le moment, sa situation financière est plutôt tendue. Bénéficiaire du RSA, il perçoit 433 € par mois et ne touche pas d’indemnisation chômage. Une fois sa facture d’électricité (35 € par mois) et son loyer (100 € mensuels) payés, il lui reste peu pour vivre, se nourrir, se déplacer… « C’est très dur. Il faut être fort dans sa tête pour tenir », conclut ce Biterrois.

Darlington, 22 ans

Il est jeune et se bat pour subvenir, grâce à son travail, aux besoins de sa petite famille. Darlington Omoruyi, 22 ans, est inscrit depuis avril dernier à Pôle Emploi, en catégorie C, celle qui est, avec la B, réservée aux personnes disposant d’un travail à temps partiel, mais tenues, elles aussi, comme les inscrits en catégorie A, de « faire des actes positifs de recherche d’emploi ».

Dépendant de l’agence de Pérols Zac de l’aéroport, Darlington Omoruyi est embauché par une société de nettoyage qui le rémunère, selon le nombre d’heures de travail confiées, entre 500 € et 1 200 € nets par mois. Pas de quoi couvrir ses frais. En couple et père de deux enfants (un de deux ans, l’autre de six mois), ce Nigérian, réfugié politique et titulaire d’une carte de séjour, cherche donc un emploi à temps plein, pour être en mesure de faire face aux dépenses de son foyer. Il est bien aidé.

Ainsi, après avoir été accompagné par la Mission locale, il a été pris en charge par le conseil régional du Languedoc-Roussillon, compétent – on le rappelle – en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. Voilà comment Darlington Omoruyi a suivi un stage rémunéré dans le cadre du dispositif régional Cap Métiers d’avenir, destiné à remettre le pied à l’étrier aux chômeurs sans qualification. Si Pôle Emploi ne lui verse pas d’indemnisation, l’organisme l’aide néanmoins à passer son permis de conduire. Car Darlington Omoruyi a, en attendant mieux, trouver un CDI à temps partiel, toujours dans une société de nettoyage.

Charlotte, 23 ans

Une trajectoire éloignée de sa formation initiale. Charlotte Plagne, 23 ans, titulaire d’un BTS assistante de manager, n’a jamais exercé le métier pour lequel elle s’est formée. Après avoir d’abord travaillé pendant neuf mois… au rayon fromage et charcuterie d’une grande surface dans la foulée de l’école, Charlotte Plagne s’est inscrite à Pôle Emploi en juin, avant de s’engager dans une formation en alternance dans le secteur de l’aide aux personnes. Elle relève de la catégorie D, celle des demandeurs d’emploi « non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi en raison d’un stage, d’une maladie… », notamment. Elle sort, de ce fait, des chiffres médiatisés des demandeurs d’emploi. « J’ai répondu à une annonce publiée chez Pôle Emploi », explique la jeune femme. L’offre avait été déposée par Pléiades Emploi Services Hérault, le pôle de développement des services à la personne de ce département. L’annonce avait été mise pour le compte du groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification AAD34, spécialisé dans l’aide à domicile, qui regroupe les principaux employeurs du secteur.

Charlotte est satisfaite. Elle est en contrat de professionnalisation avec ce Geiq qui lui verse près de 1 100 € par mois, pour une formation d’un an, d’assistante de vie aux familles : trois jours au sein de l’association Présence Verte Service, deux jours en formation théorique. « À l’issue de ces douze mois, elle pourra être embauchée en CDI chez Présence Verte qui peine à trouver des gens formés dans ses métiers », insiste Carole Sabin, la dirigeante du Geiq.

Halim, 45 ans

Originaire de Montpellier, Halim est un humoriste passionné qui officie sous le pseudonyme Bouzid le fantaisiste. Après quelques années à Paris où il a tenté de faire décoller son spectacle en cumulant les petits boulots d’animation commerciale ou de voix off pour la télé ou la radio, il est revenu à Montpellier en 2013.

Il se met alors à la recherche d’un emploi qui soit « dans la même branche que mon métier de cœur ». Halim obtient un premier stage d’un mois au sein d’une radio locale, puis un 2e de la même durée à radio FM +, tous deux conventionnés par Pôle Emploi. « Ce 2e stage s’est très bien passé. Ils étaient contents de mon travail et m’ont proposé un contrat à mi-temps que j’ai signé un mois à peine après la fin de mon stage. CAE/CUI cela ne signifie pas grand-chose pour moi. J’ai simplement signé un contrat de travail pour une durée de 12 mois, renouvelable une fois. »

Appartenant à la catégorie E, Halim fait partie des demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi. Avec un loyer de 300 € (à sa charge), une fois les courses et le téléphone payés, il ne lui reste plus grand-chose, Pôle Emploi arrêtant bientôt de lui verser un complément de 400 € mensuels. « Je vais être obligé de trouver un autre emploi à cumuler » explique Halim qui espère décrocher un CDI, un jour peut-être, chez FM +. C’est le cas de son collègue Manu, qui après un CAE renouvelé a obtenu un CDI de 26 h/semaine.

D’autres témoignages…

Audrey, Thézan-les-Béziers : « Difficile d’avoir de l’expérience, surtout quand personne ne vous laisse votre chance ! »

« Titulaire d’un BTS Notariat, d’une licence de droit général, et désormais jeune diplômée en master de droit du patrimoine depuis mai 2014, et ayant un emploi étudiant s’étant terminé le 31 aout dernier, je me suis inscrite à Pôle Emploi Béziers le 1er septembre. J’ai passé mon diplôme dans le but de trouver un emploi en tant que rédacteur d’actes dans un office notarial. Après avoir envoyé plus de 60 candidatures dans les études de l’Aude et de l’Hérault. Je n’ai eu que des réponses négatives. Pire, pour les trois-quart de mes courrier de candidature je n’ai reçu aucune réponse, même après relance. Je me suis alors inscrite en tant que demandeur d’emploi. »

Audrey poursuit : « J’ai demandé à pouvoir bénéficier de formations en bancaire et en comptabilité afin d’élargir mes recherches aux banques. Mais cela m’a été refusé en raison de mes diplômes. Il semblerait aussi que ma formation aurait coûté trop cher… Cela étant dit, j’ai trouvé un emploi début décembre : un CDD de six mois à temps partiel de 20 heures par semaine, comme assistante de gestion de biens. Je touche un salaire quasiment identique au montant de mes allocations chômage, sachant qu’à cela s’ajoutent des frais de route pour se rendre tous les jours sur mon lieu de travail. Mais je préférais cette situation plutôt que de rester sans activité et d’avoir un trou sur mon CV susceptible de s’élargir de jour en jour, consttituant de fait un handicap supplémentaire dans ma recherche d’emploi. »

« En parallèle, je continue donc ma recherche d’emploi et j’accumule les candidatures spontanées (notaires, généalogistes, banques, assurances, mairies, etc.). Mais, de nouveau, je ne reçois que des réponses négatives. Je réponds également à des offres d’emploi en ligne, mais toutes s’adressent à des personnes ayant déjà quelques années d’expérience dans le domaine. Or, sortant de l’université, il est difficile d’avoir de l’expérience, surtout quand personne ne vous laisse votre chance. »

Marine, Montpellier

Je suis titulaire d’une maîtrise en psychologie du travail et des organisations depuis l’été 2014. Pourtant, je peine à trouver un travail stable et à sortir définitivement de l’univers étudiant. Je ne reçois aucun soutien de mes parents et, dans ce contexte, il est difficile de trouver un logement. Ce n’est pas facile, puisque le bail de mon logement étudiant prendra fin le 31 août et je ne serai plus éligible au renouvellement.

J’occupe aujourd’hui, et depuis un moment, deux emplois en CDI à temps partiel. Je fais, d’une part, des gardes d’enfants à raison de 16 heures par mois et, d’autre part, je suis aide en cuisine, le nombre d’heures travaillées pouvant aller dans ce second emploi jusqu’à 20 heures par mois.

Cette situation un peu compliquée me permet toutefois de subvenir à mes besoins, en attendant de trouver une place quelque part. Mais le temps presse : j’ai jusqu’à août pour me construire une situation professionnelle correcte qui me permettant d’accéder à un nouveau logement.  Ma sécurité est mise en jeu.

Source : http://www.midilibre.fr/2015/02/26/a-la-recherche-d-un-emploi-en-region-il-faut-etre-fort-dans-sa-tete-pour-tenir,1128727.php

Une réponse

  1. J’ ai déjà entendu des centaines de témoignages de ce genre mais quant je propose d’ investir dans l’ avenir avec une modique somme qui rapporte 8% par semaine, tout le monde tourne le dos. Les gens sont tellement habitués à être exploités puis remerciés qu’ ils n’ ont plus la flamme de s’ investir personnellement. Il ne faut pas changer les mentalités mais il faut que chacun change sa mentalité. et s’ ouvre davantage car le monde change. Soit on s’ adapte soit on coule. il reste très peu de temps pour apprendre à nager dans le nouvel océan. La TVA détruit les emplois depuis maintenant près de 60 ans et il faut arrêter de croire dans les discours mais se fier à la réalité.

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