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SMIC, 35 heures, jours fériés : jusqu’où veut aller le patronat?

Pierre-GattazEXCLUSIF – Le document du Medef qui vise à créer 1 million d’emplois passe en revue des mesures aussi bien fiscales que sociales, parfois sectorielles.

Le document rédigé par le Medef brosse l’ensemble des leviers potentiels de croissance, selon le patronat, qu’il s’agisse de mesures à court terme, parfois très sectorielles, ou de mesures globales touchant à la fiscalité des entreprises ou au Code du travail. En voici les principales :

Supprimer des jours fériés

Pour le Medef, «  le nombre de jours fériés (11 au total) et les complexités d’organisation qu’ils induisent sont un frein à la croissance et donc à l’emploi ». En supprimant deux jours fériés par an, le patronat espère un gain de 1 % de croissance et la création de 100.000 emplois.

Déroger au salaire minimum

C’est une proposition que Pierre Gattaz a déjà formulée au printemps suscitant un tollé aussi bien du côté syndical que gouvernemental. Elle consiste à instaurer de façon transitoire un salaire qui serait inférieur au SMIC pour les « populations les plus éloignées de l’emploi et qui pourrait être complété par des allocations sociales afin de garantir un pouvoir d’achat équivalent au SMIC ». Une logique qui revient à celle des emplois aidés, pourtant souvent critiquée par le patronat. Le gain d’emplois espérés est estimé entre 50.000 et 100.000 en cinq ans.

Remonter les seuils sociaux

C’est tout l’objet de la négociation interprofessionnelle qui doit débuter à la fin du mois. Le Medef se garde bien de dire à quels nouveaux seuils doivent être fixées les obligations sociales mais aussi fiscales. Il se borne à ce stade à recommander un « lissage » des seuils, mais estime entre 50.000 et 100.000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés sous trois ans.

Revoir la durée du travail

Pierre Gattaz veut « en finir avec le principe d’une durée légale imposée à toutes les entreprises » en permettant à celles-ci de négocier non seulement la durée, « qui constituera alors le seuil de déclenchement des heures supplémentaires » , mais aussi le taux des majorations horaires et l’aménagement du temps de travail. «  La loi ne serait plus que supplétive et s’appliquerait par défaut aux entreprises qui ne souhaitent pas ou ne parviennent pas à négocier un accord » , précise le texte. Cette proposition rejoint l’idée, également défendue par le Medef, de faire primer les accords majoritaires d’entreprise sur le contrat individuel, « pour permettre le réel développement des accords compétitivité/emploi, qui devront être offensifs et pas seulement défensifs ».

Travailler le dimanche

Pour le Medef, en permettant, « en accord avec les salariés qui le désirent ou par accord social d’établissement, d’entreprise ou de branche », l’ouverture des commerces le soir et le dimanche, le nombre d’emplois créés s’élèverait entre 50.000 et 200.000 à terme dans le tourisme, et entre 40.000 et 100.000 dans le commerce et la distribution.

Créer un contrat de projet

C’est une idée ancienne du Medef, qui revient à généraliser le contrat de chantier, tel qu’il existe dans le bâtiment, à tous les secteurs d’activité. « Il s’agirait d’un contrat à durée indéterminée qui prendrait fin automatiquement une fois le projet réalisé. » Un moyen pour le Medef de répondre à la « peur de l’embauche » qui paralyse les chefs d’entreprise, notamment dans les TPE et PME du fait de leur faible visibilité sur leurs carnets de commandes. La rupture du contrat de travail prévoirait un barème d’indemnités pour le salarié, par exemple selon son ancienneté. Toujours sur le thème de l’emploi, le Medef préconise de rouvrir « sans attendre » une nouvelle négociation sur l’assurance-chômage et de « mettre en place un réel contrôle de la recherche d’emploi, quasi inexistant aujourd’hui » . Un sujet brûlant, remis sur la table dernièrement par le ministre du Travail.

Transformer le CICE en baisse de charges

Sur la partie fiscale, le patronat souhaite transformer le Cice en baisse de charges, mais seulement en 2017. Le Medef juge qu’une baisse de charges est plus pérenne qu’un crédit d’impôt et surtout plus facile à calculer pour les chefs d’entreprise. Il demande parallèlement la suppression progressive des taxes pesant sur les facteurs de production et les taxes sectorielles. Enfin, l’organisation patronale demande la suppression de la taxe sur les salaires, qui pèse sur les banques et les assurances, et la fin de la taxe sur les transactions financières

Article publié sur Les Echos, le 14 Septembre 2014

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